L'adoption d'un chien adulte

Rien de plus facile que d'adopter un chien : l'animal sur lequel on a fantasmé avant de l'accueillir, on a tendance à le vouloir petit, boule de poils, destiné à grandir chaque jour sous nos yeux...
 La chose a du charme mais ce n'est pas une raison pour ne pas laisser leur chance à des chiens plus âgés, adultes, voire seniors.
 Leurs "défauts" supposés ne sont pas irréductibles et leur "expérience" vous permet de passer au travers des sottises du bébé, du jeune, et de l'adolescent...
 
           D'abord un peu d'humilité : ce n'est pas parce que vous élevez votre chien depuis le plus jeune âge qu'il sera un modèle de vertu. Chacun a dans son quartier des exemples éclatants du contraire. Telle peluche vivante était si attendrissante qu'on lui a tout laissé faire en son âge tendre : aujourd'hui c'est un tyran de 60 kg qui ne respecte plus rien ni personne. Tel autre a toujours fait semblant d'afficher un QI calamiteux si bien que personne dans son entourage n'a songé à essayer de lui inculquer les bonnes manières. Et ainsi de suite...
           Ensuite un peu de bon sens : si un chien n'est ni un jouet, ni un enfant, c'est encore moins un véhicule d'occasion. Les personnes qui se détournent de l'adoption d'un chien adulte le considèrent un peu comme une deuxième main, un modèle qui ne saurait prétendre aux "performances" d'un modèle de l'année... Le chien adulte a tout autant de qualité qu'un autre, à son maître de prouver qu'il est plus responsable qu'un autre!!
 
           En tout cas, les éleveurs savent bien que, sauf rarissime exception, on ne leur demande que des bébés et lorsqu'ils se retrouvent avec des jeunes de 4 à 5 mois non retenus sur les bras, cela équivaut pour eux à une catastrophe.
 En animalerie, on ne présente que des boules de poils dans les boxes : elles seules ont le pouvoir de déclencher l'impulsion d'achat du passant....
 Enfin, dans les refuges, on sait bien que les vieux (et Dieu sait si la supposée "vieillesse" commence tôt, très souvent avant que le chien affiche plus de trois ans!) sont délaissés par les adoptants...
 Et dans les structures qui pratiquent l'euthanasie, faute de place ou de moyens financiers, ce sont encore les plus âgés qui trinquent...
 
           Les cas de figure sont toujours les mêmes.
 Pour le chien adolescent, c'est celui que les voisins ont voulus à corps et à cris. On voulait cette race-là, de cette couleur-là. On a acheté le paquetage grand luxe avec beau panier, os de buffle, livre sur la race pour savoir comment l'élever (mais surtout ce que l'on pouvait attendre de lui!), jouets, laisse, collier et harnais assortis. On a acheté une couverture pour les déplacements en voiture et on s'est renseigné pour l'inscription à un club d'Agility.
 Mais voilà, quelques temps après, on se rend compte que le chien est vivant !! Il grandit, boit, mange, joue, aboie... et s'éduque... On ne le sort pas assez, il est donc encore sale à 8 mois. Et puis cet imbécile n'a pas l'obéissance innée et ne revient pas au rappel... Et adieu le club d'Agility comme on est toujours absent. Il s'ennuie donc ronge les pieds de la table... Bref, le fiasco sur toute la ligne, ce qui conduit les ex-heureux acquéreurs à chercher une poire pour se débarrasser au plus vite du gêneur. Le voisin au grand cœur fait alors parfaitement l'affaire et on lui offre le paquetage du chien avec carnet de santé et pedigree. Et s'il n'y a pas de gentil voisin, eh bien c'est l'abandon... A la SPA ou au bord d'une route, peu importe, on a déjà dépensé trop d'argent pour ce foutu bestiaux!
 
 Un peu plus âgé, il y a le chien de 3 ou 4 ans qui avait sa place dans une famille et qui ne l'a plus parce que la structure de cette famille a changé ou que son mode de vie s'est modifié : divorce, mutation, déménagement, l'arrivée d'enfants, ou encore l'enfant qui avait fait un caprice... Le chien n'a plus le même intérêt qu'au départ, c'est même une charge que l'on essaye de refiler au plus offrant.
 
 Le cas des seniors est sans doute le moins simple. Il devient vieux : le plus grand des maux... pour le propriétaire! Moins séduisant avec son arthrose et ses poils blancs, il faut l'aider pour monter dans la voiture et surtout payer des traitements pour son bien-être! Et puis on a tellement envie d'un nouveau petit chiot!! Une nouvelle petite peluche pleine de vie, et surtout tellement plus attrayante qu'un vieux chien...
 
           En réalité, adopter un chien adulte n'est pas si difficile que l'on prétexte! Plus pondéré qu'un jeune chien, il garde cette étonnante faculté d'adaptation qui fait le succès du chien auprès de l'homme! Et puis, on évite les gros soucis des chiots : les destructions et les pipis sur le tapis...
 Pour une personne qui prends de l'âge et qui cherche à adopter, le chien senior est la réponse idéale : la route à faire ensemble est moins longue (plus de soucis à la question "Qui s'occupera du chien quand je ne serais plus là?") mais non moins riche.
Et ce n'est pas parce que le chien est adulte en arrivant chez vous ou parce qu'il a déjà eu d'autres maîtres que vous que vous ne devez pas lui mettre les points sur les "i" dès qu'il franchit votre seuil. On agit avec l'adulte comme on le ferait avec le jeune : au plus vite il sera au courant des permissions et des interdits, au plus vite il s'y soumettra et ce sera agréable pour lui comme pour vous. Le chien a fondamentalement besoin d'être dirigé, ce qui ne fait pas de lui un esclave pour autant.
Il apprend les règles de cohabitation harmonieuse et lorsqu'il a montré à son nouveau maître qu'il est bien élevé, il peu commencer à bénéficier de faveurs.
          Le chien adulte apprend aussi bien qu'un autre : il ne devient pas stupide avec l'âge.
Ne faites pas porter uniquement sur ses épaules la réussite de son intégration chez vous. Faites les efforts nécessaires pour qu'il s'adapte et le taux d'échec sera négligeable.
Les mots d'ordres : patience, logique, constance... et amour!